Huitième édition du HYBRIDE festival ce week-end, emmené par l’association Kathar6, qui pour l’occasion s’invite à l’espace Julien de Marseille en compagnie d’une très belle affiche. Une programmation aussi variée que séduisante qui devrait logiquement attirer les bêtes à poils et à patches de tous horizons. C’est sans compter avec les particularismes de notre délicieuse cité Phocéenne dont le véritable pouls bat quelque part, là entre le vélodrome et un glaçon imbibé de pastis. Moins d’une centaine de préventes et guère plus de cent cinquante pèlerins pour un festival décidément intimiste. A peu près autant d’affluence qu’au musée du coquillage de Pimpon-la-Gaillarde un soir de novembre pluvieux. Il en faudrait plus pour bouder son plaisir vu la qualité des prestations sur scène.
Difficile d’être à l’heure compte tenu de l’ouverture précoce des hostilités, le show des Marseillais de SAILENCE est déjà terminé quand je débarque sur place. C’est regrettable, un petit set Metal-Hardcore fait souvent office de savoureux apéritif pour se mettre les esgourdes en place. Pas plus de quinze minutes entre chaque groupe, l’orga va assurer un timing impeccable tout au long de la soirée. A peine le temps de fureter dans les bacs du stand SEASON OF MIST dont le staff est venu soutenir les deux groupes de leur écurie présents ce soir.A commencer par OTARGOS, toujours prêts à venir défendre sur scène leur dernier album « No God, No Satan » après la tournée Reaping Death en compagnie de WATAIN. Bon, là comme ça au débotté, la texture abrasive du son m’a un peu chagriné. Oreilles non déflorées, j’avais l’impression que ça frisait sévère sur toutes les fréquences, avec les conséquences prévisibles sur la lisibilité des morceaux. Reste un bon show, decorum et présence inclus, exécuté avec professionnalisme et conviction en dépit d’un parterre euh… pour le moins clairsemé.
MINDLAG PROJECT – les voisins de Vitrolles- déboulent ensuite avec leur combo thrash/crossover rehaussé d’un violoncelliste. On ne peut pas dire que l’apport de ce dernier aux compositions du groupe soit franchement évident, du moins sur scène. La formule est toutefois sympathique et témoigne de la volonté du groupe d’assortir ses gros riffs burnés de passages plus travaillés, forts de leurs multiples influences. Force est de reconnaître que ça fonctionne plutôt bien, même si le style pratiqué est loin de mon univers musical. Les gars se font manifestement plaisir, ça fait souvent la différence. Puis remercions-les au passage, vu que les membres du groupe sont impliqués dans l’asso organisatrice du fest.
Le set de MANIMAL me place immédiatement sur une orbite géostationnaire dont je ne redescendrai que bien plus tard. Une prestation à la fois frénétique et incroyablement maîtrisée qui confirme le bagage technique de la formation toulousaine. D’une créativité qui semble sans bornes, le groupe enchaîne les paysages sonores sous la houlette de Ju qui déploie toute l’étendue de ses capacités vocales. Il y a du Patton tant dans son phrasé que son jeu de scène mais ce serait réduire la bête à une de ses composantes. Ça bourre, ça groove, c’est bourré d’émotions – une musique hypnotique dont les échos chahutent durablement à l’intérieur du crâne. Pour ceux qui désespéraient de voir sortir un nouvel album, un titre inédit augure du meilleur pour l’avenir du groupe.
Pas le temps de revenir sur terre, GOROD débarque (en remplacement de KRONOS) pour présenter la nouvelle mouture de son line-up en attendant la sortie imminente de leur prochain EP. Le set démarre en toute logique par le hit « Disavow your god » ; sur album comme en live, le titre est une tuerie qui synthétise le meilleur du groupe. Avec une section rythmique impériale et le jeu outrageusement technique de Nicolas Alberny à la guitare (killer-riffs et mega sourire du début à la fin), GOROD possède tous les atouts pour s’imposer face à n’importe quel public. Reste une interrogation sur l’intégration de Julien Deyres (ZUBROWSKA) au chant dont le registre redondant jure un peu avec la richesse des morceaux.
On souffle un peu? Pas vraiment, vu que DESTINITY s’empare de la scène pour un show qui sent bon le old-school. Encore un groupe qui, à l’instar des autres formations présentes ce soir, a la rage et donne son maximum en dépit de la maigre assistance venue les voir. Si l’ensemble du public ne se regroupe pas pour rattraper un slammeur égaré, le malheureux(se) risque bien de chercher ses molaires pour le reste de la soirée. Mick et sa troupe envoient leur bon vieux death des familles qui, en dehors d’un léger souci dans la gestion des samplers, ne laisse passer aucune fausse note. Les effets sur les refrains en chant clair sont juste mortels, ça pilonne, ça joue bien. Que du bonheur. Après autant d’émotions, il faut bien s’accorder un peu de répit. Ça tombe bien, c’est précisément le moment que choisit DARKNESS DYNAMITE pour venir sur scène. Très honnêtement, j’ai fait l’impasse, profitant de la douceur des soirées marseillaises pour tiser dehors en bonne compagnie. Aucun problème particulier avec le groupe mais bon voilà, petit coup de mou.
Pas pour longtemps d’ailleurs, mon exemplaire de « Asylum cave » en poche – dispo en avant-première sur place – j’attends de pied ferme les furieux de BENIGHTED. Je ne comprends même pas comment ils se demmerdent pour exécuter des shows aussi bandants à chaque fois. Deux notes de « Slaughtered » sont lâchées en ouverture et on sait déjà qu’on va en prendre plein la tête. A ce stade-là on ne cherche plus à faire des photos, à savoir si tel morceau est bien interprété ou comprendre si les BENIGHTED font du death-grind-mosh-core-brutal-à paillettes (biffer les mentions inutiles). L’instinct prend le relais et l’essentiel est de passer un putain de bon moment. Pour ça ils sont très forts. Un set un chouia trop court pour une tête d’affiche (45min), on ressort toutefois avec la nette impression d’avoir descendu le Cours Julien enfermé dans un fût de bière. A me relire en diagonale comme ça, je me trouve excessivement dithyrambique. Et pourtant pas une virgule à bouger dans le report. Une initiative locale, une scène française plus vigoureuse que jamais, quelques dizaines de passionnés. Quoi d’autre? Une capacité à l’émerveillement, une résistance à l’usure – pourvu que ça dure.
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