Interview de Manu par Brok’n’Doll pour French Metal 14 avril 2009 No CommentBonjour,comment décririez-vous Mindlag project aux lecteurs de French Metal? Et bien je dirais que c’est un projet réunissant cinq passionnés de musique, et en particulier de metal. C’est un projet conceptuel, centré sur le récit de la vie de Jon De Grimpclat, un sombre professeur de langue ancienne, qui se révèle être un meurtrier, sous son apparente normalité. Le groupe a été crée en 1999, et nous évoluions avec le même line-up depuis 2001, jusqu’à ce que Romain nous rejoigne au violoncelle l’année dernière. Vos productions ont un fil conducteur: la mythologie grecque, pouvez-vous nous en dire davantage sur ce sujet? En effet, c’est une constante chez nous. D’une part, comme je le disais, Jon est un professeur de langues anciennes, il est donc logique que la mythologie fasse partie intégrante de notre récit, et puis c’est un esthète, il aime la culture et son raffinement… D’autres part, l’utilisation de la mythologie grecque nous confère la possibilité de manipuler des symboles, et c’est quelque chose qui est universel. Je pense que c’est notre façon de viser une certaine universalité, qui aille bien au delà de la barrière de la langue. Nous avons pu constaté que l’homme a besoin de ces symboles pour s’identifier, pour transmettre des valeurs, et je pense aussi qu’ils recouvrent une bonne dose de mystère, et c’est aussi cela qui nous interpelle. Nous dissocions bien l’homme de l’humanité, qui n’est que le vecteur de nos connaissances accumulées, et je pense que la mythologie et ses symboles fascineront toujours l ‘homme, car ils le mettent justement en face de l’humanité, de son passé donc, sans qui il serait encore dans une caverne, en train de dévorer un bison froid avec les mains (rires). Mindlag project est nourri de vos influences respectives, pouvez-vous nous éclairer un peu plus sur celles-ci? Nous sommes assez ouverts musicalement, nous écoutons tous beaucoup de choses diverses, et je pense que nous avons à peu près les mêmes goûts. Dans les grandes lignes, nous sommes influencés par le heavy metal et le thrash principalement, par certains aspects du death, voire du black metal. Nous avons aussi pas mal d’affects avec le mouvement punk hardcore, car le message originel qui s’en dégageait est quelque chose de très fort. Nous sommes aussi très influencés par le rock en général, et en particulier par le rock progressif, notamment Pink Floyd ou encore les premiers Genesis. Je crois que cette fascination pour ce qui est conceptuel vient en grosse partie de ce mouvement. Nous aimons les beaux textes, et donc les chanteurs à textes francophones que sont Brel, Ferré, Brassens, Gainsbourg….et bien sur nous sommes férus de littérature et de cinéma, qui tient une grande place dans nos influences. Mais nous n’accordons aucune forme d’importance au style dans lequel nous évoluons, nous trouvons que c’est réducteur d’apposer une étiquette sur quelque chose d’aussi personnel que de la musique. Depuis 2001, le line-up s’est stabilisé, 4 sorties à votre actif, que tirez-vous de votre parcours? Nous sommes heureux d’être toujours là, ensemble, de plus en plus motivés par notre concept, qui nous a littéralement emporté avec lui. Tout n’a pas été très facile pour nous, nous avons fait beaucoup de sacrifices pour continuer à faire ce que bon nous semblait. C’est très difficile à l’heure actuelle d’essayer de faire une carrière dans la musique sans entendre qu’on est immature, ou fainéant…. Mais ce qui ne tue pas nous renforce selon Nietzsche (rires) D’un point de vue strictement musical, je pense que nous nous sommes rapprochés de ce que nous voulions faire depuis nos débuts, en nous donnant les moyens de jouer sur le matériel qui nous correspond le mieux, en mettant au point des méthodes de travail, et surtout, en essayant d’être sincère un maximum avec notre musique. Nous savons que l’image que l’on se donne compte parfois plus que l’intégrité de sa musique de nos jours, mais nous avons pris le parti d’être ce que nous sommes sans jouer la farce de la rock star à mèche, quoiqu’il nous en coûte…. Comment avez-vous ressenti votre dernière expérience en studio, qu’est-ce qui différencie votre travail des précédents? Ce fût passionnant, et très éprouvant pour le coup, car nous avons été intransigeants envers nous même. Christian Carvin a fournit un travail inhumain pour rendre ce que nous avions en tête. Je garde un superbe souvenir de cette collaboration, qui même si elle a été parfois difficile, car longue, et parsemée de remises en question, nous a permis d’atteindre notre but. Nous pouvons dire que nous avons trouvé notre son et notre identité par la même occasion avec cet album, et que c’est ce qui ressemble le plus à ce que nous sommes à l’intérieur. Je suis très fier de cet album avec le recul. Dans quelle optique êtes-vous par rapport à la sortie de votre album? Nous espérons que ce sera l’album de la reconnaissance, mais c’est très difficile de faire des pronostics à ce sujet. Nous nous battons pour défendre le mieux possible cet album, et nous voulons toucher un maximum de personnes, car c’est plus qu’un simple album couché sur une rondelle pour nous, c’est notre combat, celui que nous menons au nom de l’art, pour que la sincérité subsiste, et ne croule pas sous le poids du marketing. Nous voulons tourner un maximum, car tout passe par là, et partager de bons moments avec notre public, c’est notre souhait le plus cher pour l’heure. J’ai fait la chronique de votre album il y a peu, quels sont, selon vous, les atouts majeurs de cette oeuvre? La sincérité. Je pense que c’est la force de cet album, car c’est vraiment le seul compliment objectif que je puisse nous faire, le reste est tellement subjectif. Notre concept et notre musique peuvent aussi bien fasciner qu’insupporter, mais c’est une bonne chose à mon avis, tant qu’il ne laisse pas indifférent. Pour qu’une oeuvre soit réellement viable à mes yeux, il faut qu’elle vienne des tripes, et c’est ce de quoi cet album est fait.. Tout le reste me paraît accessoire, que cela concerne la technique, le style ou encore le fait que l’on soit à la mode ou pas. Romain Dallier, le violoncelliste du groupe, dépose ici une touche toute particulière, qu’apporte selon-vous cet atout majeur? A la base, nous avions contacté Romain pour travailler sur les arrangements cordes de cet album. Je voulais que les cordes lient les chansons entre elles en utilisant ce que l’on appelle des leitmotivs dans la musique classique. Ce sont des phrases musicales qui incarnent des personnages ou des idées, et nous les avons déclinés tout au long de l’album pour suggérer certaines choses dans le récit. Romain apporte donc une cohérence aussi bien musicale que conceptuelle. Il apporte aussi une couleur classique, qui correspond au côté « Dandy » de Jon. Je pense que cela évoque parfaitement son goût pour le raffinement, en tout cas c’est comme cela que je perçois la chose. J’ai eu l’agréable sentiment de lire un livre à l’écoute de cet album, comment avez-vous travaillé pour offrir un tel ressenti? C’est probablement en partie grâce à l’utilisation de ces fameux leitmotivs, mais de toute façon, j’ai écrit le récit de l’album avant la phase de composition proprement dite. Nous avions donc en tête les ambiances, les sentiments que nous éprouvions face à ce récit, et nous voulions à tout prix que la composition serve celui-ci. Nous avons fait en sorte que nous ayons l’impression de raconter une histoire en jouant l’album. Nous somme d’ailleurs tenter de jouer tout l’album dans l’ordre quand nous choisissons notre set-list (rires)…Malheureusement ce n’est pas toujours possible. Pouvez-vous nous parler davantage de la construction du morceau « Cayenne », qui est pour moi un bon reflet de votre album? C’est une sorte de chanson épistolaire. Le frère de Jon, qui est un marin au long court, lui envoie une lettre de Cayenne, pour lui expliquer sa situation écologique et politique, qu’il trouve alarmante. Par la suite c’est une sorte de dialogue entre les deux protagonistes, mais qui n’est pas réel. J’ai voulu évoquer la transmission de pensée qui existe entre deux frères, c’est un clin d’œil à la complexité musicale que je partage avec mon frère. Cette chanson est en effet un reflet de notre façon de composer, car chaque instant musical vient appuyer notre ressenti sur le problème amazonien. Tout d’abord nous plantons le décor, comme pour inciter l’auditeur à fermer les yeux, et à imaginer cet endroit. Nous ne voulons pas moraliser non plus, nous voulons juste interpeller l’auditeur, faire en sorte qu’il regarde ce qui se passe là-bas, de lui même. Je n’aime pas qu’on me dise quoi penser personnellement, et je n’ai pas envie d’imposer quoique ce soit au public. Mais je pense que nous ne devons pas fermer les yeux sur certains problèmes. J’ai entendu beaucoup de gens s’offusquer du mauvais traitement de la forêt Amazonienne par les américains du nord, et j’ai eu l’impression que certains avaient oublié que nous en possédons un morceau, payé au prix de la colonisation, et que l’orpaillage et l’alcool n’épargnent pas les amérindiens « français » non plus… Je pense que le manque de respect et les idées reçues sont à la base de presque tous les maux du monde, et même si notre seul pouvoir est d’en faire une chanson, nous tenions à en parler, même si nous faisons aussi partie du problème comme tout un chacun qui habite dans un pays riche. Le chant s’est, selon moi, nettement diversifié et a particulièrement mûri, que pensez-vous de cette remarque? Je prends ça pour un compliment ! (rires) Plus sérieusement, nous avons beaucoup travaillé, et essayé de nous rapprocher de ce que nous étions vraiment, de ne pas essayer de travailler quoique ce soit en fonction de l’extérieur, mais plutôt de l’intérieur. La voix est une des rares choses qui nous rendent unique, nous avons donc recherché à interpréter les textes de façon plus personnelle qu’auparavant. Le fait que cela soit plus diversifié découle de cette démarche je pense, car dans un récit, il n’y a pas de place pour la monotonie. Et puis c’est notre premier véritable album, il dure près de 70 minutes, nous avions plus de choses à dire !! Mindlag project est un monde à part entière, même si vous n’avez que faire du « qu’en dira t-on », comment vous voyez-vous dans la scène métal française? Je trouve la scène metal de notre pays assez éparse. Il y a beaucoup de bonnes choses, mais j’ai l’impression que l’on éprouve le besoin de classifier la musique dans des boites, de viser une tranche d’age, ou un type de personnalité… Il y a des groupes dont la réussite force le respect, car ils ont su resté intègres, au delà des préconisations de ceux qui sont sensés débusquer les nouvelles sensations, et pour moi, c’est cette façon de faire qui représente l’avenir de la musique Française. Je pense qu’il faut s’adresser directement au public avec ses tripes, il en fera ce qu’il veut, mais ne se sentira pas instrumentalisé comme si on essayait de lui vendre « une nouvelle voiture qu’elle est bien pour la conduire », ou « une lessive qui lave plus blanc que blanc »… Nous croyons en ce que nous faisons, et si nous devons rencontrer le succès, nous voulons que cela soit grâce à ce que nous sommes, et pas parce que nous nous seront transformer en un produit aussi vénal qu’éphémère… La musique est source d’émotions, vos paroles sont poignantes, que souhaitez-vous que les gens ressentent à l’écoute de votre album? Nous voulons qu’ils se sentent en vie. Notre musique est à l’image de celle-ci, avec ses angoisses, ses doutes, ses pleurs, ses rires, ses rêves et ses cauchemars…. A travers l’autopsie de l’esprit de Jon, nous voulons que chacun retrouve une partie de lui-même… car nous sommes tous potentiellement des meurtriers. Et surtout nous sommes tous potentiellement capables de foutre notre vie en l’air…La musique est notre catharsis, la soupape qui nous permet de rester sereins, et de ne pas nous laisser emporter par nos instincts violents. Ca rejoint la Grèce antique encore une fois : nous animons nos démons dans notre théâtre, cela nous soigne…puisse-t-il aussi soigner nos auditeurs ! Quels sont vos projets pour 2009? Pouvez-vous nous dire quelques mots concernant vos ambitions scéniques? Nous voulons tourner le plus possible pour passer le plus de moments avec notre public, c’est notre souhait le plus cher, et nous espérons que notre façon de voir la vie saura trouver un écho parmi le public français, et que nous pourrons faire de notre passion notre métier, car nous savons que nous sommes fait pour ça. Je vous laisse les mots de la fin..Les plus durs (rires) C’est sa fin qui donne un sens à toute chose… En tout cas merci pour ce bon moment passé ensemble, à bientôt sur les routes, et sur la prochaine compilation French Metal ! Et merci à toi Elodie, ainsi qu’a toute l’équipe pour votre soutien indéfectible à la scène metal Française ! InterviewsPartager : Tweet
Interview de Manu pour Hardrock Magazine 1 mars 2009 No Comment Vous sortez aujourd’hui votre 3 ème album qui s’intitule « Mindlag Project ». Pourquoi ce choix ? Nous avons choisi de sortir un album éponyme car c’est avec celui-ci que tout se met réellement en place au niveau conceptuel. Mindlag Project signifie littéralement « Projet : décalage d’esprit », et c’est un néologisme datant de l’époque où j’étais encore sur les bancs du lycée. Ce que nous entendons par décalage d’esprit, c’est un certain désaccord avec une notion entretenue par notre code de valeur occidental, qui consiste à rapprocher systématiquement le concept de beauté de ce qui correspond à une valeur morale bénéfique, et inversement, de considérer comme laid ce qui est perçu comme maléfique par ce même code. Nous avons donc pour leitmotiv d’entretenir une certaine esthétique dérangeante, et de démontrer par la même occasion que la beauté peut se trouver partout, y compris dans la mort, la souffrance, et le crime. C’est une approche assez Baudelairienne du concept de la beauté, même si cette idée est discourue depuis la nuit des temps. Notre concept est plus précisément basé sur le récit de la vie de Jon De Grimpclat, qui est un sombre esthète, professeur de langues anciennes, se livrant à de sombres activités extrascolaires… et c’est à travers l’autopsie de son âme que nous illustrons notre propos. Quels regards portez-vous aujourd’hui à vos 2 précédents albums sortis en 2003 et 2005 ? Karybda et Skylla ne sont autres qu’une « bilogie », qui évoquent la descente aux enfers de Jon De Grimpclat. Celui-ci n’était pas encore explicitement présent, car nous laissions le mystère planer autour d’un sombre personnage, qui apparaît dans la dernière chanson de Skylla, intitulée Doomsday. Il ne s’est réellement matérialisé qu’avec la chanson « De charybde en scylla… » qui s’inscrit comme son acte de naissance criminel, à proprement parler, puisque c’est le récit de son premier crime. Artistiquement parlant, ces albums représentent à nos yeux la genèse de notre concept, ils nous ont permis de planter un décor, et d’installer une certaine ambiance, en restant dans l’implicite. C’est un choix délibéré, en grande partie car nous ne maîtrisions pas à l’époque tous les paramètres requis pour servir le récit de Jon comme il se devait, et je pense que nous cherchions encore notre réelle identité musicale. Bien sur, nous ne renions en aucun cas notre passé, même si certains aspects de notre musique, et surtout de la production, ne nous correspondent plus vraiment à l’heure actuelle, mais cela reste le reflet de ce que nous étions à l’époque Mindlag project présente t-il un nouveau visage en 2009 ? Si oui quels sont les elements qui ont changé/évolué au sein de votre musique ? Je ne pense pas que nous ayons un nouveau visage, mais que pour la première fois nous sommes en adéquation totale avec ce que nous voulons faire depuis toujours. Nous avons effectué une sorte d’introspection musicale. Nous avons cherché à créer notre son, et finaliser notre univers avec cet album. Nous avons beaucoup travaillé pour rendre notre musique la plus naturelle possible, notamment au niveau de la production, où Christian CARVIN nous a été d’une aide précieuse. On peut dire que notre musique est devenue beaucoup plus progressive, mais je pense que c’est inhérent au fait de raconter une histoire, car le récit impose beaucoup plus de nuances. De ce fait, notre façon de composer est plus filmique, nous essayons de créer des images qui correspondent aux sentiments que nous voulons exprimer. Je pense que c’est ce qui a le plus évolué dans notre musique, le fait d’être plus dans le registre du ressenti. Peut-on encore dire que Mindlag project joue du metalcore en 2009 ? Si non quels sont les principales influences que l’on retrouve dans votre musique ? Personnellement, je fuis les étiquettes, et je ne pense pas que nous ayons un jour appartenu au style Metalcore, mais par contre, nos principales influences étaient bien sur le thrash et le heavy metal, qui restent nos principales influences, ainsi que le HxC. A l’heure actuelle, nous sommes moins influencés par le HxC que par le passé au niveau musical, mais cette influence est toujours présente. Je pense que ce style nous parle plus en terme de mouvement, et ce sont les valeurs qu’il défend qui nous interpellent, même si elles ont été perverties ces derniers temps, ce que nous déplorons. Par contre, nous avons développé des sonorités qui peuvent se rapporter au death mélodique, au rock progressif, au Doom voire même au black metal. Mais comme je le disais plus avant, ce qui nous importe ce n’est pas l’étiquette qu’on nous colle, car nous aimons beaucoup de choses, et nous nous sommes toujours senti enfermés par celle-ci. Nous préférons jouer inconsciemment ce qui correspond le mieux à ce que nous voulons exprimer, et de cette façon, le processus créatif fonctionne bien mieux pour nous. Tous vos albums ont pour acteur principal un personnage nommé Jon De Grimpclat. Peux tu le présenter ? Jon est un criminel, mais c’est avant tout un humain. Je pense que c’est ce qui nous importe le plus. Nous essayons de le montrer sans fard, en mettant l’accent sur ce qui motive ses actes, qui sont souvent des intentions louables, mais nous sondons aussi bien sa folie. Il prétend être un justicier, possédant le pouvoir de juger qui est apte à vivre au pas. C’est un sombre dandy charismatique, et c’est ce qui le rend attachant. Il incarne la part sombre de chacun de nous, à la fois attirante et dangereuse, et c’est la voie royale pour aborder ce sujet avec subtilité pour nous. Quels sont ses aventures dans ce nouvel album ? Nous avons choisi de faire un focus sur une période de la vie de Jon qui l’a fait basculer. Même si c’est un meurtrier, il se fixe des règles bien précises pour tuer, et l’une d’entres elles lui interdit de tuer quelqu’un qu’il juge innocent. Mais dans la chanson Doomsday, sur l’album Skylla, un promeneur noctambule surprend Jon en train de tuer quelqu’un. Cet album prend la suite du récit à ce moment là, où Jon, la mort dans l’âme, doit se résigner à éliminer cet innocent, car autrement c’est lui qui risque de perdre sa liberté. On retrouve alors Jon face à son humanité, Il descend enfin de l’Olympe, et commence à avoir conscience de sa folie, sans pouvoir y faire grand chose. Le récit comporte aussi pas mal de flash-back qui permettent d’en savoir plus sur le passé de Jon. Comment se retrouve t-on a proposer des « concept albums ». Pourquoi avoir fait ce choix ? Ce n’est pas un choix pour nous, mais plutôt une nécessité. Nous avons besoin d’avoir un contenu qui s’inscrit dans la durée, c’est notre source d’inspiration. Et puis nous sommes animés par une certaine idée de l’art, qui reprend le concept « d’œuvre d’art total » qu’évoquait Richard Wagner, et il est important pour nous de maîtriser tous les aspects de notre œuvre, quelque soit la forme d’art. Et le concept album est pour nous le meilleur moyen dont nous disposons pour assouvir ce désir. D’autre part, nous avons une profonde admiration pour des albums tels que « The wall » de Pink Floyd , « Outside » de David Bowie, tous les albums d’Iron Maiden, ou encore « Obsolète » de Fear Factory. Nous avons accroché sur cette façon de faire depuis bien longtemps, et c’est donc peut-être aussi par mimétisme quelque part. Quels retours du public recevez vous vis à vis de votre démarche artistique et de votre travail sur les textes ? Nous avons pas mal de retours qui nous enthousiasment. Disons que les personnes qui accordent de l’importance aux textes et au concept en général y trouvent souvent un intérêt, du moins quand ils se sentent proches de notre univers, mais je pense qu’une bonne partie des gens qui nous écoutent n’ont pas forcément besoin de tout ça, et s’intéressent strictement à la musique. Ce qui n’est pas du tout un problème, c’est une chose que je conçois très bien, et je pense que la façon dont on architecture notre musique influe de toute façon sur notre musique de façon intrinsèque, ce n’est donc pas peine perdue. La mythologie grecque semble avoir une place importante pour vous etant donné que l’on retrouve ce thème dans tous vos albums. D’où vous vient cet intérêt ? C’est tout d’abord une histoire de goût, et puis Jon étant professeur de langues anciennes, c’est logique que nous ayons une forte propension à évoluer dans cet univers. Mais il y a bien sur une cause plus profonde. Nous pensons que l’homme à besoin de symboles auxquels se rattacher, et ce sont des composantes universelles, permettant d’assimiler une idée ou un concept en un instant. Nous aimons utiliser les symboles, et nous aimons les mélanger entre eux, même s’ils viennent d’horizons différents, c’est notre aire de jeu favorite. D’autre part, la civilisation grecque comporte beaucoup de points communs avec la notre, et cette rémanence historique est aussi une chose dont nous nous servons beaucoup. Quelles ambitions avez-vous avec ce 3eme album ? Nous espérons que ce sera l’album de la reconnaissance, car nous aspirons à vivre de la musique, c’est bien plus qu’une passion pour nous. Nous voulons tourner le plus possible, et partager le plus de chose possible avec notre public. Ce que nous désirons le plus, c’est nous épanouir artistiquement, et pour cela il faut que la musique devienne notre véritable métier. Cela prendra le temps qu’il faut, mais nous y parviendrons, car nous sommes déterminés. InterviewsPartager : Tweet
Interview de Manu pour Metallian 23 février 2009 No Comment Salut! Je vous félicite pour votre album. Je l’ai trouvé assez particulier. Vu l’objet et le projet assez complexe qu’est votre groupe, nous allons décortiquer ensemble ce nouveau venu qu’est Mindlag Project. Après quelques recherches, j’ai pu voir que votre projet est assez atypique pour du Metal français. Derrière ce simple disque il y a tout un concept bien déterminé. Peux-tu nous éclairer un peu sur ce qu’est au juste Mindlag Project? C’est en quelque sorte un projet artistique visant à regrouper le public autour d’une certaine vision de l’esthétisme. Mindlag Project signifie littéralement « Projet : décalage d’esprit », et c’est un néologisme qui m’est venu à l’esprit lorsque j’étais encore au lycée. J’ai toujours eu l’impression d’être sur une longueur d’onde différente de celle de la plupart de mes congénères, car ma vision du monde était très différente de la leur, et c’est ce qui a motivé la création de ce groupe en 1999. Ce que nous entendons par décalage d’esprit, c’est une certaines opposition avec un héritage dans notre code de valeur occidental qui consiste à amalgamer le concept de beauté avec celui de bien et de mal. Notre approche de l’esthétisme est très proche de celle de Baudelaire, dans le sens où il fut l’un des premier à revendiquer cet esthétisme dérangeant. Nous pensons que le fait d’apprécier la beauté dans la mort ou la souffrance, sans pour autant renier celle de la vie ou du bonheur, est une nécessité psychologique. A mon sens, l’homme n’est pas capable de faire disparaître son côté sombre, il ne peut que l’apprivoiser dans le meilleur des cas, et la voie qui nous semble la plus indiquée est celle de l’art. Jouer de la musique a toujours été très cathartique pour nous. D’ailleurs comme pour mieux autopsier les travers de l’esprit humain, nous disséquons dans nos chansons l’âme de notre ami Jon De Grimpclat, qui est un sombre esthète, professeur de langues anciennes, se livrant à de sombres activités extrascolaires… Etant un criminel au demeurant fort sympathique à bien des égards, il nous est plus facile de dispenser notre vision à travers Jon. C’est une méthode empirique en somme. Le concept est évidemment bien large et on sent que derrière votre concept fictif vous vous inspirez d’une critique bien réelle et surtout actuelle. Vous semblez beaucoup critiquer l’humanité moderne. Vous vous la jouez misanthrope artistique ou vous trouvez sincèrement que l’humanité est si mal en point ? Il réside évidemment une chronique du monde qui nous entoure dans notre concept, plus qu’une véritable critique, car nous nous efforçons de ne pas moraliser. Les artistes ont toujours eu le rôle de fou du roi, car on ne permet de dire qu’à celui qui ne peut rien, ou si peu que ça ne représente pas un réel danger pour les autorités. Nous ne sommes pas non plus misanthropes, pas même artistiquement, car notre démarche est plutôt de faire une analyse, en montrant les travers du crime à travers Jon. Lui, par contre, pourrait être qualifié de misanthrope, mais c’est un doux euphémisme, puisqu’il pense détenir le pouvoir de juger qui est apte à vivre. En montrant que Jon, dont les intentions sont toujours louables de prime abord, se retrouve confronté à ses propre démons, et ressemble de plus en plus à ceux qu’il punit en agissant de la sorte, nous nous exorcisons de nos envies de meurtre et de toute notre colère. Une fois tout ça mis de côté, notre esprit est plus libre de réfléchir rationnellement sur le monde . Personnellement, je pense bien sur que notre société est imparfaite, mais pas pour autant condamnée, et c’est peut être même ce que j’aime en elle. Ce qui pourrait la condamner serait le culte de la médiocrité, et l’unité autour d’une seule et même idée figée du bien, c’est d’ailleurs ce qui a fait des ravages par le passé, autant sur un plan politique que religieux. Je pense qu’il faut savoir nous remettre en question, quel qu’en soit le « manque à gagner », puisque que cela semble les trois mots qui régissent notre société malheureusement. En résumé, nous tendons à affirmer qu’on apprend plus des défaites que des victoires, et que c’est alors la façon dont on se sert de nos défaites qui fait de nous des hommes responsables. Mais pour y parvenir nous devons satisfaire nos pulsions les plus sombres, nous ne sommes que des hommes… Jon nous sert de prétexte à une catharsis, et j’ose espérer qu’il en sera de même pour nos auditeurs ! (rires) Cette façon de se servir d’un personnage « romanesque » pour illustrer des pensées, que nous pourrions dire, d’ordre philosophique (à prendre au sens très large du terme) n’est pas nouveau et c’est d’ailleurs une bonne façon de faire apprécier/recevoir des actes/raisonnements qui nous sont familiers. Je crois que Jon ne va pas être ravi que tu le qualifies de romanesque ! (rires) prends garde à toi… Mais bien sur, je suis d’accord avec toi, c’est un bon moyen pour ne pas endosser pleinement son propos, et nous ne sommes pas les premiers à le faire, car la catharsis existait déjà dans la Grèce antique. Ce qui est aussi un avantage, c’est de pouvoir manipuler des symboles à travers lui, et c’est quelque chose dont nous avons besoin, comme chaque être humain je pense. Jon est charismatique, car le mystère qui l’entoure se nourrit de la vision de celui qui l’imagine, et je pense que rien n’est plus beau pour un auditeur que la vision qu’il se fait de quelque chose qui est laissé au bénéfice du mystère. Aussi forte soit l’image que l’on arrive à créer, elle n’égalera jamais l’universalité du mystère, et des symboles, qui permettent de laisser la place à l’imaginaire de chacun. J’ai beaucoup de respect pour cela, et je pense que c’est ce que j’aime le plus voir dans le regard du public. Je suis d’ailleurs fasciné par le rapport qu’entretiennent Iron Maiden avec leur fan (dont je fais partie depuis mon plus jeune âge). Grâce à Eddy et à l’universalité de leur concept, ils ont réussi à créer une fanbase composée de gens d’horizons très différents, mais leur passion pour le groupe les rassemble, et chacun de leur concert est une communion hors du commun. C’est peut-être la passion de Steve Harris pour le football qui lui a fait comprendre l’importance de cette communion… Toujours est-il que c’est aussi une chose que nous recherchons, car la musique est faite pour rassembler. Sur votre site vous ouvrez votre présentation avec une discussion sur le beau. Cette question du est une longue discussion qui depuis longtemps déjà n’a pas réussi à mettre tout le monde d’accord. Hippias et Socrate ont disputé le sujet, l’art moderne a essayé de détruire les codes classiques, mais nous nous retrouvons toujours à avoir cette constante discussion sur l’interprétation subjective de l’esthétique. Comme je l’expliquais précédemment, ce débat est en effet au centre de notre concept, mais en filigrane. Nous ne prétendons pas imposer une seule et même vision de ce qui est beau, ce n’est pas un étendard que l’on brandit, mais plutôt un droit à la reconnaissance artistique pour ce qui comporte une esthétique sombre. Comme je le disais, Baudelaire est, en France du moins, l’instigateur de cette pensée, mais au prix de beaucoup de controverses, qui ont même été suivies d’un procès après la parution des Fleurs du mal. Lui ainsi que tous les poètes maudits représentent une grosse influence pour nous d’un point de vue artistique, et je pense que toute la communauté Metal en est l’héritière par la même occasion, car nous partageons, parfois inconsciemment, ce goût inexplicable pour ce qui est sombre. Nous pensons que ce qui est dangereux, c’est d’occulter une partie de la définition de la beauté, c’est d’ailleurs comme tu le dis, le thème du dialogue de l’Hippias majeur qu’a relaté Platon, et déjà à l’époque, Hippias et Socrate concevaient qu’on ne pouvait pas cantonner la définition du beau à quelque chose qui ne froisse pas les mœurs des valeurs morales établies, pour la bonne est simple raison que celles-ci, fort heureusement, évoluent dans le temps. Le notion de beauté, elle, est immuable, mais diffère selon les individus, et je pense qu’elle correspond plus à une sensation procurée, que l’on ne peut pas expliquer. Et c’est ce ressenti qui est souvent incompris, et qui a valu beaucoup de mésaventures et d’amalgames à notre communauté. Il est légitime de ressentir du plaisir en regardant des choses se rapportant à la mort, cela fait partie de la vie. Le fait de mourir et de pourrir, qu’on le veuille ou non, fait partie du cycle naturel de la vie, comme disait Baudelaire, c’est le moment de « tout rendre au centuple à la grande nature ». Ce qui est réellement dangereux pour moi, c’est de nier que nous sommes mortels, et tout ce que nous devons à ce cycle. Mais ce concept a été détourné par certaines conceptions religieuses de la mort, qui en ont fait tout simplement un tabou, quand elles ne l’ont pas tout bonnement niée, reléguant tout ce qui peut l’évoquer de près où de loin au même rang. Nous ne voulons pas d’une définition aseptisée de la beauté, au même titre que beaucoup de personnes dans les sphères artistiques, pas plus que nous ne voulons imposer notre appréhension de la beauté comme seule vérité. C’est l’échange de point de vue qui nourrit l’art, nous perpétuons simplement ce long débat. –Donc si on traduit cela dans votre musique, cela s’inscrit comment ? Je pense que cela se traduit par des sentiments. Ce qui nous importe le plus, c’est de vivre ce que nous jouons, de ressentir la colère, la plénitude, le dégoût, la folie…ainsi que tout ce que les thèmes que nous abordons nous transmettent, pour les transmettre à notre tour. Bien sur, comme Jon est un meurtrier, certaines choses deviennent vite ambiguës, et c’est peut être dans cette ambiguïté que nous sommes subversifs, car nous n’avons pas envie de mettre une distance avec ces sentiments quand nous jouons, puisque c’est notre façon d’exorciser nos démons. Nous pensons que cela ne fait pas pour autant de nous des personnes dangereuses, car à la vie nous sommes réfléchis, et ceux que nous devenons à la scène sont seulement la théâtralisation de notre part sombre…nos Mister Hyde respectifs …Nous sortons les cadavres de nos placards sur scènes (rires) Si j’ai bien compris le concept, chaque enregistrement est un nouveau chapitre dans votre histoire. Et dans ce récit votre personnage Jon De Grimpclat traverse un peu toutes les époques et les lieux. Ce professeur de grec et de latin passe des aventures homériques à la Rome miséreuse de Juvénal, puis s’arrête à Cayenne le temps d’une chanson, pour au final ne parler que de notre époque… C’est à peu près ça dans l’idée oui, mis à part qu’il ne traverse pas physiquement les lieux et les époques, mais plutôt métaphoriquement, car le récit est assez chronologique, du moins dans cet album. D’ailleurs, ce nouvel album est le premier album qui est vraiment basé sur le récit de la vie de Jon. Sa présence a toujours été omniprésente depuis nos débuts, mais il ne s’est matérialisé que dans le dernier morceau de Skylla, (la fin de la bilogie Karybda/Skylla) et son acte de naissance n’est autre que la chanson « De charybde en scylla… », métaphore qui évoque d’ailleurs sa descente aux enfers. Auparavant, on retrouvait des pensées, des jeux de pistes laissés par Jon, notamment dans nos pochettes, mais pas un récit chronologique de sa vie. C’est un choix délibéré, nous voulions dans un premier temps planter le décor, créer son univers, l’entourer de mystère et de mysticisme, et ne le faire apparaître explicitement que lorsque nous serions aptes à raconter son histoire comme il se doit. Mais est-ce que Jon De Grimpclat (fallait le trouver ce nom !) est un français qui observe le monde avec le regard critique propre à notre pays ? Ou pourrait-il être le même peu importe que soit sa nationalité ? Jon est en quelque sorte un apatride, qui a été trimballé un peu partout où le métier de son père, pilote de chasse, voulait bien le déposer, depuis le tragique décès de sa mère. Maintenant qu’il est adulte, il vit dans la demeure familiale où il a grandi, appartenant à la famille de sa mère, qui se trouve en France. Il considère le fils de sa belle mère comme un frère, et celui-ci parcourt le monde, car c’est un marin au long court (C’est d’ailleurs à lui qu’on doit la chanson « Cayenne »). Toutes ses données, renforcées par l’ouverture d’esprit de Jon en ce qui concerne les différentes cultures, donnent un ton universel à cette histoire, qui pourrait se passer n’importe où sur terre, et c’est bien la raison pour laquelle nous n’indiquons pas précisément le nom des lieux. Donc pas de critique de la France actuelle et des français ? Je suis déçu si tu me dis que non ! Bien sur, il y a une critique de la France, car Jon est très critique, c’est un esthète très exigeant, voire élitiste. Ce qui le chagrine, c’est qu’en France, la culture est nivelée vers le bas depuis un sacré bout de temps. Pourtant notre passé est riche en illustres penseurs, écrivains, poètes et artistes en tous genres, mais ils ont souvent été relégués au rang de maudits, n’ayant souvent eu que des gloires posthumes. Il a l’impression que ce pays se laisse aller au gré du consumérisme, emboîtant bêtement le pas aux américains, en ne gardant que le plus mauvais de leur culture qui plus est. Personnellement, je suis de son avis dans les grandes lignes, même si je pense qu’il ne faut pas jeter le nourrisson avec l’eau du bain en pensant que tous les auditeurs français ne savent pas faire la différence entre un produit de consommation et une musique intègre. C’est peut-être pour cela que le public français s’est longtemps désintéressé de la culture Française, même si on observe de nets changements depuis un certains temps. Mais notre discours ne se dirige vraiment pas vers la France en particulier, car d’une manière générale, le constat est le même partout, et nous ne sommes pas nationalistes, nous n’avons pas envie de défendre la culture française outre mesure, simplement à sa juste mesure, et il faut reconnaître qu’elle en a bien besoin. Nous reconnaissons ce qu’elle a de grandiose, tout comme ce qui l’est dans les autres cultures. Nous voulons toucher et nous inspirer de personnes de toutes nationalités, même si nous avons choisi de chanter en français. Au début j’ai été très sceptique lorsque j’ai entendu vos paroles en français, puis à la seconde écoute ça s’est tassé et finalement cela ne m’a plus gêné. Puis j’ai remarqué que c’est le premier enregistrement que vous faites entièrement chanté en français. Alors pourquoi tout d’abord ce choix du français ? Puis pourquoi ne pas avoir opté plus tôt pour cette particularité d’un album entièrement dans notre langue ? C’est vrai que c’est notre premier enregistrement totalement en français, si l’on excepte une phrase. Mais nous chantions déjà en Français auparavant. Les textes en anglais étaient dus au goût que nous entretenons pour la langue de Shakespeare (qui ouvre d’ailleurs notre premier maxi). Puis peu à peu, en voulant me rapprocher au maximum de la sincérité et du ressenti, j’ai opté pour des textes plus empreints de poésie, et surtout beaucoup plus implicites. Je me suis rendu à l’évidence, je ne peux écrire sincèrement que dans la langue dans laquelle je pense. Pourtant j’adore l’anglais, et je ne m’interdit pas non plus de l’utiliser. Pour faire écho à ton scepticisme, j’ai la même impression quand j’écris les textes et les lignes de chant, mais à force de travail sur les assonances et les rythmes de la diction, enfin de tout ce qui compose la poésie, j’arrive au résultat escompté. Je pense qu’une œuvre doit comporter un temps d’adaptation pour être assimilée, car c’est la preuve qu’elle est authentique. Si rien ne choque, c’est que rien n’est nouveau, ou que rien n’est sincère. J’ai personnellement besoin d’être remué par les mots, qu’ils dressent un tableau devant moi, peu importe le sens explicite du texte, ce qui doit parler, c’est l’implicite, car il dit l’indicible à l’auditeur attentif. C’est notre façon de faire, et même si elle divise, ce n’est pas grave pour moi, car l’essentiel est de rester soi même. Cocteau disait « Ce que les autres te reprochent, cultive le, c’est toi », et c’est une pensée que je m’efforce de mettre en application. Musicalement c’est également assez difficile à appréhender parce que vous mangez à tous les râteliers : limiter Mindlag Project à un seul style serait vraiment réducteur et serait une erreur. Il y a du death mélodique, du heavy, du black, beaucoup de prog. et du folk : enfin (excuse moi du mot) c’est un grand bordel mais organisé (Rires) j’aime beaucoup la vision que tu te fais de notre musique, car ça me rappelle le corps humain, ce grand bordel organisé. Je suis allé voir l’exposition « A corps ouvert » qui montre des corps humains « plastinés », parfois en coupe, et je me suis rendu compte à quel point ce fracas d’organes qui semblent disposés anarchiquement dans le corps humain forment l’usine à gaz (sans vouloir faire de mauvais jeux de mots) que nous sommes. Pour moi la musique est un corps, un être qui évolue selon ses propres protocoles, c’est une machine. Nous ne nous réclamons d’aucun style particulier, et tous les styles que tu cites font évidemment parties de nos influences. Mais nous sommes plus sensibles à des groupes en particuliers, et nous nous sommes aperçus que ce qui nous parlait vraiment, de Led Zeppelin à Enslaved en passant par Metallica et Pink Floyd, c’est le groove, et le travail sonore. Nous ne nous disons jamais que nous allons composer une chanson dans tel ou tel style, nous avons une histoire à raconter, des sentiments à exprimer, et nous puisons dans nos influences ce que nous jugeons coller le mieux à tout ça. Mais c’est inconscient, car je n’ai pas l’impression que nous ayons toujours nos influences à l’esprit quand nous composons. Par contre, avec le recul, nous les reconnaissons sans problème, car c’est notre héritage génétique en quelque sorte, puisque chaque artiste possède des parents spirituels à mon sens. Ce qui n’est pas une tare, puisque c’est par ce biais que l’humanité évolue, en utilisant les plans des ancêtres, et en essayant d’apporter sa pierre à l’édifice. Je pense que les fans de Misanthrope pourront trouver de quoi se sustenter avec Mindlag Project. Cette comparaison t’étonne-t-elle et surtout l’acceptes-tu ? Ca ne m’étonne pas du tout, et c’est même un compliment car j’apprécie ce groupe, qui affectionne Baudelaire au même titre que nous qui plus est. J’ai vu que leur dernier album avait pour pochette une photo de celui-ci prise par Nadar, que j’adore. Ce n’est pas notre influence principale cela dit, bien que j’ai beaucoup apprécié leur album « Visionnaire ». Ils ont un côté très Doom, assez grandiloquent, qu’on retrouve chez des groupes tels que My Dying Bride, qui nous a pas mal influencé aussi. Je pense que nous sommes un peu moins théâtraux que ces groupes, mais c’est vrai qu’il y a une réelle ressemblance par certains aspects, et que certains amateurs du style pourraient éventuellement se retrouver dans notre musique. L’album se termine sur l’excellent et intriguant « La Fin Absolue Du Monde ». Puisque c’est principalement un instrumental, quelle est cette fin absolue du monde que vous avez imaginé ? Parce qu’à l’écoute ce n’est pas ce qu’on pourrait vraiment appeler une vision chaotique qui nous vient de suite à l’esprit. C’est une référence cinématographique à John Carpenter, qui a réalisé, entre autres, un épisode des « Masters of horror » du même nom. Notre « Fin absolue du monde » n’est pas vraiment des plus chaotique, car elle revêt un caractère plus prophétique que réel. Ce que j’ai retenu du film, rejoint ce dont je parlais tout à l’heure, à savoir que rien ne peut faire plus peur que la peur elle-même, car notre imagination est ce qu’il y a de plus effrayant pour nous. Je pense que l’œuvre horrifique la mieux réussie est celle qui va mettre le spectateur en face de ce dont il a réellement peur. Ce titre est donc une invitation à fermer les yeux, et à imaginer ce qui se passe dans la tête de notre cher ami Jon, plus qu’un témoignage d’apocalypse, le titre faisant davantage référence au message du film qu’au sens de la phrase en lui-même. Je conseille à tout le monde de regarder ce film pour illustrer mon propos, si ce n’est déjà fait, et pour ceux qui l’aurait déjà vu, vous pouvez toujours vous rabattre sur le court métrage que j’ai réalisé avec mes amis de l’association Kathar6, intitulé « De Charybde en Scylla », qui retrace l’enfance de Jon. Il est en ligne sur notre page myspace : http://www.myspace.com/mindlagproject Bien, j’en ai fini. Je te remercie de m’avoir accordé de ton temps pour répondre à ces questions. Je vous souhaite une bonne continuation et peut-être à un de ces quatre de par chez moi (Montpellier). Merci à toi Mickaël, ce fut un plaisir de répondre à des questions aussi intéressantes, et j’espère que nous aurons l’occasion de refaire le monde autour d’un bon verre de Bourbon on the rocks !! (rires) InterviewsPartager : Tweet
Interview de Manu pour les Eternels 17 février 2009 No CommentInterview de Manu pour les Eternels Vous nous connaissez : quand un groupe débarque de nulle part et sort une bombe totale qui nous scotche au siège, le fait d’aller taper la discute avec eux pour en savoir plus est comme une compulsion pour nous. On parle ici des Mindlag Project et de leur album du même nom, hénaurme baffe de métal à tendance extrême / prog. Et croyez-moi, nous n’avons pas été déçus du voyage… Cosmic Camel Clash : Pour commencer, un passage obligé : première interview pour le site égale historique pénible où tu racontes d’où vous venez, qui vous êtes, comment vous vous êtes rencontrés, etc. Manu : Pas de soucis! Tout d’abord nous nous sommes formés en 1999, donc ça remonte à dix ans maintenant. C’était à l’instigation de mon frère Julien qui officie à la batterie ainsi que de moi. Nous avons eu pas mal de changement de line up jusqu’en 2001 puis ça s’est stabilisé. A savoir qu’il y a eu Gilles à la basse, Mathieu au chant, Vincent à la guitare, et là depuis l’enregistrement de cet album nous avons une nouvelle recrue au violoncelle en la personne de Romain. Cosmic Camel Clash : Ça tombe bien que tu l’évoques, car la première question que l’on se pose quand on voit le line-up – surtout pour un groupe à tendance extrême – c’est de savoir d’où vient l’idée de recruter un violoncelliste dans un groupe de métal… Manu : En fait à la base, ce que je voulais faire au niveau du concept c’était d’incorporer des leitmotivs. C’est un procédé qui a été inventé (entre guillemets) par Wagner. Nous voulions utiliser des interventions musicales, des petites mélodies qui rappelaient des personnes, ou des états d’âmes, ou le passé… pour la linéarité de l’histoire, de notre récit car c’est un concept album. De fil en aiguille nous avons fait des arrangements classiques par-dessus car c’est quelque chose qui nous importe beaucoup. Nous sommes quand même ancrés dans un certain classicisme parce que ça colle au niveau de la couleur que nous utilisons : tout ce qui est Baudelaire, les poètes maudits, tout ça. Cette couleur on voulait la garder et de fil en aiguille nous avons fait un concert(la release-party de notre album) avec Romain, puis nous avons répété ensemble et vu que ça se passait très bien il est devenu un membre du groupe. Ça s’est fait naturellement, nous n’avons pas eu vraiment l’idée de nous dire « tiens, on va prendre un violoncelliste », ça a coulé de source en fait. Cosmic Camel Clash : Mais le fait que Gilles soit altiste, j’imagine que ça a quand même un petit peu son rôle non? Manu : Oui oui puisque dans l’album d’avant nous avions déjà fait des arrangements avec l’alto. Ça a toujours collé à ce que nous voulions faire au niveau de la couleur, mais nous ne pensions pas l’utiliser comme un instrument à part entière. Moi je fais un peu de piano et j’ai toujours fait des arrangements pour les interludes. C’est vrai que c’était déjà insufflé dans les albums d’avant et que nous avions déjà l’idée en tête de se rapprocher de certains arrangements classiques. Mais je pense que ce que nous avions le plus à l’esprit c’était de faire des arrangements qui suivaient la base du leitmotiv, de pouvoir rajouter une couche par dessus le métal un peu plus fine, peut être un peu moins directe, qui permettrait a l’auditeur de faire le lien entre toutes les chansons et entre la thématique de chaque chanson. C’est comme ça que nous l’avons vu depuis le début… et je pense que ce n’est pas terminé puisque nous avons déjà des idées pour faire des arrangements avec des cuivres et énormément de choses. Nous sommes pas mal ouverts là-dessus. Cosmic Camel Clash : C’est amusant : en t’entendant j’imagine le lecteur qui ne connaît pas la musique de Mindlag… et qui en lisant l’interview va s’imaginer que c’est du néoclassique. Il faut quand même préciser avant tout que Mindlag c’est du violent ! Manu : Ah oui, non mais c’est sûr. Mais la proportion de classicisme qu’il y a dans notre musique n’est qu’au niveau des arrangements. C’est un truc qui est crucial mais c’est vrai que le gros de notre musique ce sont des influences lourdes, comme tu dis. Nous partons d’un concept qui évoque un serial killer qui a beaucoup de rage (contenue ou pas) et de haine en lui mais aussi d’autres choses: la plénitude, la lourdeur… beaucoup de choses sont exprimées, nous fonctionnons beaucoup avec les sentiments. Vu que notre thème c’est la rage et la colère nous avons bien sûr l’influence thrash/death et un petit peu hardcore qui nous suit, et qui nous suivra toujours. Le gros de notre musique c’est ça. Cosmic Camel Clash : Parlons de ce fameux concept. J’ai eu le CD nu, sans livret ni paroles, mais j’ai immédiatement compris qu’il s’agissait justement d’une histoire racontée sur la totalité de l’album. Est ce que c’est quelque chose que vous recherchiez, à savoir que le concept n’aie pas besoin de support autre que la musique pour qu’on le détecte ? Manu : Exactement et je suis content que ça ait marché sur toi, parce que c’est vraiment ce que nous avons recherché. Le fait que l’on capte que c’est un concept album sans avoir besoin de tout ce qui est l’artwork ou des paroles était très calculé. Nous avons beaucoup travaillé ça pendant le mixage avec Christian Carvin. Nous nous sommes toujours mis à la place de l’auditeur en se disant que nous cherchions à communiquer des sentiments, et bien sur notre histoire aussi… c’est très important la façon dont l’auditeur va appréhender notre message, puisque nous avons un message quand même à travers ce concept. Ce n’est pas simplement un concept esthétique, c’est ce qui nous permet d’avoir un fil conducteur, c’est une esthétique que l’on cherche depuis longtemps entre le bien et le mal et tout ce que ça peut comporter d’ambigu. Et c’est vrai que nous avons passé énormément de temps à retranscrire l’histoire. Nous avions certains exemples derrière nous comme The Wall de Pink Floyd ou la carrière de Maiden par exemple, tout ces groupes qui ont bien réussi à faire de la musique imagée… Par exemple quand on écoute « Powerslave » de Maiden et qu’on l’on voit la pochette on n’est pas du tout étonné. On se dit « Ouais ben c’est ça, c’est l’Égypte », ça fonctionne. Nous sommes partis de ce constat et nous avons voulu faire pareil, il fallait que notre histoire l’auditeur la ressente. Et puis pour la cohérence de l’album, pour qu’il s’enchaine bien… Nous avons fait quelque chose de très influencé par le cinéma aussi, c’est quelque chose qui est très important pour nous. D’ailleurs nous avons réalisé un court métrage qui est visible sur notre page myspace. Je dirais que nous avons travaillé accolés au cinéma. Souvent les riffs sont plutôt comparables à des plans, nous ne faisons pas de simples successions de riffs mais essaie de faire quelque chose qui se tienne. Nous voyons des images quand nous composons… en fait c’est ça, nous avons une façon de composer très cinématique. Je pense que c’est ça peut être qui permet d’identifier l’histoire sans avoir besoin d’artwork. Cosmic Camel Clash : J’ai volontairement écrit ma chronique en m’en tenant à ce que je pouvais comprendre des paroles. Si je me réfère au chant lexical utilisé, à un certain type d’éléments traditionnel folk qui reviennent, est-ce une histoire qui se déroule au Moyen-Âge ? Manu : Disons que c’est assez intemporel. Nous avons volontairement voulu ne pas dater notre histoire. Mais il y a des références qui peuvent y faire penser dans le langage utilisé par notre personnage qui est un esthète. C’est un dandy qui se voit dans une époque ancienne, il est un peu passéiste, il adore le raffinement, c’est donc normal que tu aies eu cette vision. Mais ça ne se passe pas forcement à cette époque-là. De toutes façons, ça ne peut pas se passer à cette époque à cause de la chanson « Cerbera » où il se trouve au volant d’une voiture, donc ça ne se passe pas au Moyen-Âge. Mais c’est vrai que le chant lexical correspond à ça. Cosmic Camel Clash : Sans que tu dévoiles ton histoire, est-ce que toute la musique a été composée pour coller au thème du serial killer ou au contraire en partant de couleurs musicales, de plans, ce thème s’est-il dégagé? Manu : Ce qui est venu en premier c’est l’histoire. En fait nous avons des choses à dire, nous avons notre personnage qui existe et nous savons ce que nous voulons lui faire dire, nous voulons raconter tout ça aux gens. Notre procédé c’est justement d’avoir une histoire, de planter le décor en utilisant des couleurs musicales et de préciser notre discours avec les textes et la rythmique. Mais c’est toujours l’histoire, enfin jusqu’à présent, qui vient avant la musique. Cosmic Camel Clash : Pour ce qui est du contenu musical pur on sent quand même chez vous des racines ancrées dans le thrash, le heavy, le death metal. Est-ce que c’est quelque chose qui est l’objet de tout le groupe ou et ce que vous avez un membre du groupe branché heavy, un autre branché thrash et qu’ensuite vous faites votre mixture ? Manu : Nous sommes assez éclectiques, nous avons à peu près les mêmes racines. En grosse majorité nous venons de Maiden, Metallica, des bases du métal qui marchait bien quand nous étions jeunes. Nous avons commencé très tôt à écouter cette musique et ça nous a suivi. Disons que Gilles et Vincent étaient plus hardcore que mon frère Mathieu et moi, qui venons plus du heavy. Mais globalement nous venons tous du heavy. En fait nous ne réfléchissons pas trop en termes de style, nous écoutons énormément de choses, des choses très diverses. Et quand nous avons besoin de créer une ambiance, nous puisons dans certains styles sans nous demander si nous appartenons à tel ou tel style, est-ce qu’il faut faire ça puisqu’on appartient au thrash, etc… Nous ne cherchons jamais ce genre de choses-là, nous ne nous posons pas la question. Quand nous avons besoin de faire des choses assez enlevées nous faisons appel au thrash, quand il faut que ce soit appuyé, que l’on sente la colère retenue et qui explose on va piocher dans le hardcore. Les moments épiques c’est plutôt le heavy ou le progressif quand il y a une sorte de plénitude, puisqu’après avoir tué des gens, Jon est souvent dans un état euphorique. Il passe quand même de bons moments, il n’est pas dans un névrose absolue. Nous ne choisissons pas notre style mais la façon dont nous puisons dans nos influences est liée au sentiment que nous voulons exprimer. Cosmic Camel Clash : Un des médiums principaux pour exprimer cette richesse émotionnelle, c’est le chant, extrêmement varié et protéiforme. J’ai vu que Mathieu et toi êtes crédités au chant. Est-ce que tu fais du chant lead, ou uniquement les chœurs ? Manu : On a une dualité dans notre concept qu’on utilise aussi dans le chant : Mathieu fait toujours toutes les voix criées, le growl, tout ce qui est death ou hardcore ; moi je fais certains backings death, mais en général je fais les voix chantées. La dualité est architecturée de cette manière : on se répond, chacun fait une des facettes de la personnalité de Jon. Pour faire une métaphore, c’est un peu comme le Yin et le Yang, chacun a une partie de bien et de mal en lui. Le chant clair a surtout une connotation bénéfique, mais parfois le mal prend le pas sur le bien ; les voix criées sont souvent utilisées pour exprimer le côté sombre de Jon, son côté criminel et maléfique, mais parfois ce sont des cris de douleur qui lui confèrent au contraire de l’humanité. C’est là notre concept principal : la marge infime entre le bien et le mal, le bon et le mauvais. C’est en plus associé, pour nous, au concept de beau et de laid, puisqu’on s’inspire de Baudelaire, donc nous essayons d’utiliser ça avec parcimonie. Si on devait résumer ça en un mot, ce serait « dualité », la voix claire est son Dr Jekyll, alors que la voix hurlée est le Mr Hyde. Cosmic Camel Clash : Le chant clair-hurlé, comme celui qui ouvre « Rebecca », c’est lui ou toi ? Manu : C’est moi. C’est un chant agressif, mais à partir du moment où il y a des notes, c’est moi. Cosmic Camel Clash : Il y a quelque chose que je retrouve souvent dans les groupes de métal que j’ai eu l’occasion de chroniquer ou d’interviewer, c’est cette fascination pour la folie, les tréfonds de l’âme humaine et les parois mouvantes entre la psychose et la raison… C’est quelque chose qui t’a toujours intéressé ? Manu : Totalement. Disons que notre musique est cathartique. Personnellement, je fais de la musique pour ne pas devenir fou, c’est un exutoire qui me permet de passer l’envie de tuer les gens (rires). Quand je suis énervé, je me suis toujours servi de la musique et des textes pour me clamer, pour évacuer toute la haine que je pourrais avoir, la déposer dans un coin pour pouvoir réfléchir, pour ne pas être emporté dans ma réflexion. Je pense que c’est également le cas des autres membres du groupe. Il y a un autre aspect dans cette exploration de la folie : je pense que tout ce qui vient du métal ou des films d’horreur, bref de notre culture, est victime d’une ségrégation. Peut-être qu’elle est moins présente aujourd’hui qu’auparavant, mais je sais que quand j’étais jeune, j’ai eu des difficultés étant un metalleux. Par ignorance, il y a beaucoup de gens qui m’ont traité de « sataniste » ou je ne sais quoi. On toujours dû se battre qu’il y avait quelque chose d’autre derrière cette musique. C’est vrai que parfois ça s’apparente à de la folie : j’ai parfois presque eu l’impression d’avoir un dédoublement de personnalité à cause de ça, je me demandais si les gens avaient raison de me reprocher certaines chose par rapport à mes goûts, ou si c’est eux qui étaient trop bornés. Dans la chanson « Noctambule problématique », qui pose la problématique de l’album, il y a un passage qui dit : « Est-ce ma folie ou celle des autres, sont-ce mes yeux fermés ou ceux du monde entier ?». Ça pose la question : nous, en tant que metalleux, en tant que personnes qui avons un affect particulier avec cet esthétisme dérangeant, est-ce que c’est nous qui sommes fous, ou est-ce que c’est les autres qui ne sont pas ouverts, qui ne sont pas dans le vrai, dans le sens où ils n’acceptent pas leur partie sombre ? Nous pensons qu’accepter sa partie sombre permet d’être plus équilibré, de ne pas céder aux accès de colère, d’être plus « droits », de ne pas faire n’importe quoi, de maîtriser ça. Cosmic Camel Clash : Pour éviter les passages à l’acte, quoi. Manu : C’est un peu ça… bon, je ne pense pas que nous passerions à l’acte non plus, car ayant beaucoup étudié ça pour le concept de l’album, je pense que quand on est un serial killer c’est quand même une maladie incurable, on ne peut pas trop y échapper. Nous ce n’est pas trop pour éviter de passer à l’acte, c’est pour essayer d’être des hommes meilleurs. Pour essayer d’avoir plus de jugeote dans notre rapport à la vie en déposant sur scène tous nos accès de colère. Je pense que tout le monde est sujet à ça, dans une société barbare comme la nôtre c’est dur de ne pas s’énerver parfois. Cosmic Camel Clash : Tu prêches un convaincu… C’est amusant car j’ai eu récemment l’occasion d’échanger avec des gens qui ne comprenaient tout simplement pas qu’on puisse prendre du plaisir à écouter une musique dérangeante. En y réfléchissant j’ai l’impression que nous continuons aujourd’hui à nous trimballer un énorme héritage platonicien , cette pensée antique où ce qui doit être mis en avant c’est « le Bon, le Bien, le Beau ». Sorti de ça point de salut… Manu : C’est exactement ça. Je suis tout à fait d’accord avec toi et en plus c’est exactement la base de notre concept. Notre société, notre système de valeur associe toujours (ou au moins en règle générale) ce qui est bon à ce qui est beau et ce qui est mal à ce qui laid. Et dès qu’on a un penchant pour quelque chose de dérangeant mais qui fait partie de l’humanité… ne serait-ce que la mort ou la souffrance, on peut y porter un intérêt purement esthétique… Bref je suis comme toi, j’adore ça et pourtant ça ne fait pas de moi quelqu’un de mauvais ou de maléfique. Mais c’est vrai qu’on a cet héritage, je pense que c’est pour ça qu’on a brûlé des sorcières à une certaine époque. C’est un héritage religieux et même plus ancien, c’est un héritage de peur. Les gens ont peur de ce côté sombre et dès qu’on approche quelque chose de tabou, qu’on peut y trouver un intérêt, un esthétisme… on est catalogué comme hérétique. Ce n’est plus le mot car ça s’est détaché de la religion, ça va plus loin désormais, mais c’est toujours ça. Et notre concept nous sert aussi à nous battre contre ça… et il y a un peu de provoc aussi car c’est quelque chose qu’on adore (rires). Mais je suis tout à fait d’accord avec toi là-dessus. Cosmic Camel Clash : Fin d’interview classique : tu peux rajouter quelque chose ou bien on s’arrête là. C’est une tribune libre optionnelle. Manu : Nous avons déjà dit pas mal de choses intéressantes… en tous cas merci pour ton soutien… et je pense que les grands esprits se rencontrent on va dire. Je pense que si tu as apprécié notre album c’est que nous avons des choses en commun. Cosmic Camel Clash : Y’a de fortes chances ! De toutes façons tu as lu la chronique… Manu : Oui et ça m’a beaucoup touché. Ça me fait plaisir que quelqu’un comprenne le fond de ce que nous disons et s’y intéresse, ce n’est pas le cas de toutes les chroniques. Même quand nous avons de bonnes chroniques les gens n’ont pas toujours ce recul là sur ce que nous faisons. Ils pensent peut-être que nous faisons de la musique juste pour faire de la musique mais nous il y a aussi autre chose, et c’est bien que quelqu’un s’en rende compte. InterviewsPartager : Tweet
Interview de Manu pour Le Chant du grillon 7 janvier 2009 No CommentAprès un album au titre éponyme qui, n’ayons pas peur des mots : nous a carrément mis sur le cul, il était de notre devoir d’activer la pêche aux infos. Le French Metal Band fut formé à Vitrolles par 2 frangins à l’âme plutôt Heavy. Puis ; après avoir constitué un Line Up qui tient la marée, ils nous proposent 3 minis skeuds. Mais attention, car leur écriture va bien au-delà du simple EP… j’entends par là, qu’ils instaurent une véritable intrigue à la manière « d’une collection de nouvelles » ayant pour but la découverte d’un Best Seller. Autant péter le suspens tout de suite, cette œuvre s’avère terrible, subversive et passionnante. En bref, le genre de missile qui réfute les bonnes consciences en terme de « ça passe quand ça casse », la preuve : Mindlag Project entre carrément dans notre rubrique « les incontournables 2009 » et y a pas photo ! Chers amis bonjour, alors chroniques élogieuses, unanimité Metallique et consécration musicale, soit la totale. Vous devez être super content ? Manu : Il est clair qu’il est toujours agréable de recevoir des éloges concernant sa musique, donc je mentirais si je disais le contraire. Cependant je pense que ce qui est primordial, c’est aussi d’avoir l’approbation du public, et même si nous commençons à nous faire connaître un peu plus grâce à cet album, nous avons encore pas mal de chemin à parcourir! Combien de temps, il vous a fallu pour accoucher de l’album ? Nous avons commencé à composer l’album fin 2006, juste après la sortie de notre maxi « De Charybde en scylla… » qui contient la chanson du même nom (qui est en fait une transition entre nos deux premiers maxis et l’album) ainsi qu’une chanson inédite et des titres live. D’ailleurs cette sortie fut une façon de faire patienter notre public avant l’album, car nous avions besoin de temps pour mettre le concept de l’album à plat, et pour affiner notre identité sonore, que nous n’avions pas pu assez travailler jusqu’alors, à notre goût. Pour te répondre clairement, nous avons mis un peu plus de 3 ans à réaliser cet album, avec des séances d’enregistrements s’étalant sur deux ans. A qui avez-vous confié un tel Son ? Comme à l’accoutumée nous avons confié la production à Christian Carvin, avec qui nous travaillons depuis 2002. Il a accompli un travail phénoménal ! Il a su nous écouter, et n’a pas hésité à changer ses méthodes de travail avec nous pour arriver au résultat que nous visions. Nous voulions une production beaucoup plus naturelle qu’auparavant, en bannissant par exemple l’utilisation du trigger pour la batterie, et d’une manière plus générale, de garder une dynamique naturelle, autant que notre style musical nous le permet, et de privilégier les contrastes. Comment avez-vous procédé : trame, texte et musique ou l’inverse ? Tout commence toujours par le concept général, c’est à dire l’esthétique et les notions philosophiques que nous voulons aborder. Ensuite nous nous concentrons sur le récit, pour essayer de faire en sorte que l’auditeur soit plongé dans l’histoire que nous lui contons, et qu’il ne perde pas de vue le fil conducteur de l’intrigue. La musique est inspirée des images que notre esprit crée quand nous pensons à ces histoires. Notre approche est très axée sur le ressenti, et ce qui nous importe, ce n’est pas de composer une chanson qui appartienne à un style défini, mais de jouer une musique qui correspond aux émotions que notre histoire contient de façon intrinsèque. En ce qui concerne le chant, généralement, les mélodies me viennent en même temps que je compose la musique. Parfois les paroles viennent directement, sans vraiment y réfléchir, et parfois cela demande un peu plus de travail. Je pense être assez proche de la « Beat generation » et plus généralement du surréalisme, au niveau de l’écriture, car j’aime bien me laisser guider par l’écriture automatique. Peut-être à cause de certaines de mes influences musicales et littéraires, comme David Bowie, ou William Burroughs. Par contre, certains texte plus travaillés au niveau de leurs structures sont plus proche de la poésie, et j’utilise en général la prose. L’univers sombre des textes est proche de celui qu’ont crée les poètes maudits tels que Baudelaire et Lautréamont, ou encore William Blake. Je pense que notre chant lexical est influencé par le romantisme d’une façon générale, et cela se ressent dans notre musique. Qu’est ce qui vous intéresse chez ce bon vieux Jon ? Haha bonne question… c’est surtout lui qui s’intéresse à nous ! Il nous impose de mettre son projet en musique, et vu ce qu’il est capable de faire, nous obéissons ! (rires) Plus sérieusement, ce personnage est intéressant car il possède toutes les caractéristiques de deux types de personnes perçus de façon antagonistes dans notre société, à savoir les serial killers, et les super héros. Etudier son psychisme nous permet de sonder une question aussi épineuse qu’existentielle : le rapport très controversé qui existe entre le bien est le mal. D’un côté, Jon est animé par un désir de justice, ce qui le rend assez sympathique ( à la manière des super héros), et de l’autre, c’est une machine à tuer, qui n’hésite pas à torturer et tuer ceux qu’il juge abjects, ce qui est bien sur impensable de cautionner dans notre société. C’est une analyse que l’on peut rapprocher du concept de « Surhomme » chez Nietzsche, car Jon semble se croire au dessus du système de valeurs morales établi. Ce que nous voulons aussi étudier, c’est l’attirance que les êtres humains peuvent avoir pour ce type de personnages. Je pense que l’homme tend à vouloir dépasser son statut d’être humain, et appréhender ce qui est bien ou mal peut alors s’avérer très complexe, et l’amener sur des terrains glissants. Le fait de s’exprimer à travers Jon est aussi une forme de catharsis pour nous, car nous pouvons en quelque sorte exorciser nos démons, et nous laisser aller à la folie à travers notre musique. Ce qui nous permet d’accéder à la sérénité en quelque sorte. Oui, vous ne rêvez pas, jouer du metal est une thérapie !!! (rires) Quel est le morceau qui vous a fait le plus transpirer et pourquoi ? Sans hésitation, je dirais Jon de Grimpclat. D’une part parce que c’est une chanson qui se devait d’être une sorte d’hymne ou de générique. Nous voulions que cette chanson soit à la hauteur du personnage, et qu’elle soit entêtante. J’avais une autre ligne de chant pour le refrain, avec les mêmes paroles, mais je n’étais pas satisfait du rendu. Après plusieurs tentative pour l’améliorer, j’ai décidé d’improviser, de laisser sortir l’émotion qui manquait à la chanson. Et cette prise fut la bonne ! Je suis satisfait de cette chanson, car tous les obstacles qui se sont mis en travers de nous n’ont fait que renforcer l’émotion qui devait transparaître. Mais j’avoue avoir frôler la crise de nerf… Chanté du Metal en Français, idée géniale ou juste obligatoire ? Je pense que c’est un choix comme un autre, et le fait de chanter en anglais ou en français n’est pas réellement important en soi je pense. Par le passé j’écrivais certains textes en anglais, car c’est une langue que j’adore. Mais je me suis rendu compte que, plus mon approche devenait poétique, plus j’étais limité par la langue de Shakespeare. Ce n’est pas une histoire de niveau linguistique, mais plutôt de ressenti. J’utilise les mots non pas pour leur pouvoir explicite, mais plutôt pour ce qu’ils recouvrent d’implicite, parfois par rapport à leur étymologie, parfois par rapport à leur aspect polysémique, et parfois même seulement pour leur sonorité. Quand on essaie de peindre avec les mots plutôt que de leur ordonner un sens précis, je pense qu’il est presque impossible de le faire autrement que dans sa langue maternelle… du moins, c’est mon cas. D’autres part, l’anglais est souvent utilisé pour conférer une certaine universalité à sa musique. Mais dans notre cas, cette universalité est plutôt exprimée à travers des symboles, du fait de l’utilisation de la mythologie par exemple. De même que vous n’hésitez pas à intégrer des instruments « inédits » (pour du Metal), des interludes, voire des arrangements classiques, là encore risque ou nécessité ? Je pense que c’est surtout car nous aimons la sonorité, le timbre de ces instruments. Nous recherchons toujours le contraste, et je pense que le fait d’utiliser des interludes plus calmes, et chargés d’une émotion différente, a pour effet de mettre en valeur les parties metal de notre musique. Le metal, à bien des égards au niveau de la composition, possède des similitudes avec la musique classique La clé de voûte de notre album réside dans l’utilisation de Leitmotiv (comme le faisait Wagner ou Prokofiev), et les cordes joue justement ce rôle dans notre musique. Nous avons exprimer différents concepts à l’aide de phrases musicales, et on les retrouve au gré des chansons, comme des réminiscences du passé de Jon. Cela sert de fil conducteur tout au long de l’histoire, et je pense que cela a contribué à la cohérence de l’album. Après l’écoute de votre album, je n’ai qu’une envie : celle de vous applaudir en Live. Alors, j’ai appris que vous étiez sollicités (Nantes, Tours, Marseille) en ce moment ? Une tournée pour 2010 ? Des prestations à l’étranger ? En effet, nous revenons d’une tournée d’un peu plus de 10 dates à travers la France, et ce fût une superbe expérience. Nous avons pu travailler une autre approche de notre musique, et se confronter au public, qui connaissait très souvent l’album. Je pense que nous avons réussi à retranscrire notre univers sur scène, même si nous devons encore peaufiner tout ça. Nous serons en tournée Européenne en 2010, pour quatorze dates, et nous allons travailler un maximum pour donner le meilleur de nous même. Nous pensons aussi a faire une autre tournée Française en 2010, pour explorer les salles dans lesquelles nous n’avons pas encore jouer, mais nous pensons aussi à notre prochain album, il faudra donc bien négocier notre emploi du temps ! Sur scène, vous allez mixer anciens et nouveaux titres ou plutôt vous concentrer qu’exclusivement sur Mindlag Project ? Sur la tournée Française, nous avons joué quelques anciens titres, car nous voulions faire le tour de nos anciens albums, pour contenter les fans qui ne nous avez jamais vu, et qui connaissaient les anciens albums, mais la playlist restait quand même cohérente. Dans le sud de la France, nous avons joué quelques fois l’album dans son intégralité et dans l’ordre, notamment pour la release party. C’est une expérience intéressante, mais nous ne pouvons pas toujours nous le permettre, car pour que le concept soit compris, il faut certaines conditions scéniques, sinon le public risque de mal digérer la chose… Cependant, je pense qu’à l’avenir nous allons plutôt nous concentrer sur ce premier album, car nous sommes plus en phase avec cette musique, ce qui est logique. Qu’elle est votre plus beau souvenir de tournée ? Sur cette tournée, nous avons eu pas mal de bons moments, mais je pense que nous avons vraiment tous aimé jouer à St Etienne, au Thunderbird Lounge. Ce fut la date la plus intimiste, mais nous avons été super bien accueilli par nos potes de Alvinella Pompejana et par le patron du pub (James, un californien qui vit en France depuis quelques années). Et nous avons mangé les meilleurs Kebab du monde, juste en face ! (rires) Nous avons adoré jouer à Paris aussi, car il y avait un bon public, et le fait de jouer dans la ville de Baudelaire, c’était vraiment fort pour nous. Nous avons aussi eu la chance d’ouvrir pour Gojira à Tours il y a quelques années, pour la tournée From mars to sirius, et musicalement parlant, je pense que ça reste à ce jour notre plus beau souvenir. Pour en revenir à l’album, comment Mindlag Project est abordé à l’étranger ? Notre musique semble être plus apprécié à l’étranger qu’en France, surtout aux Etat Unis. Nous recevons souvent des encouragements de la part des américains, mais cela reste sur Internet. Nous ne pouvons pas vraiment mesurer le potentiel de notre musique à l’étranger avant d’y avoir jouer, nous serons fixés après la tournée Européenne. Si nous le pouvons, nous essaierons de tourner aux Etats Unis, car notre promotion y est prise en charge par Streetcult, qui semble être un organisme très compétent, et nous avons donc déjà quelques contacts là-bas. De plus, vous développez aussi un aspect visuel. Vos vidéos sont superbes, j’en déduis que vous êtes des mordus de cinoche ? Merci pour le compliment, tu vises juste ! Je suis autant passionné par le cinéma que par la musique, et même notre façon de composer est très cinématographique. Il était donc logique que mon premier court-métrage soit au service du groupe. D’ailleurs la musique du film a été joué avec un piano et un violoncelle, par Romain et moi même. Nous avons revu les arrangements de certaines de nos chansons pour qu’elles soient en adéquation avec l’aspect expressionniste du film. Notre chanteur Mathieu, est lui aussi très féru de cinéma, et m’a d’ailleurs fait découvrir pas mal de choses, il a une très bonne culture dans ce domaine. Mais d’une manière générale, nous sommes tous amateurs de cinéma, à des degrés différents bien sur. Pendant le visionnage de Charybde en scylla, je suis resté scotché par votre travail. L’intrigue est surprenante, les personnages (costumes & jeux d’acteurs inclus) sont excellents. De plus, le grain est vraiment bien choisi, on imagine la somme de boulot pour ce court métrage, D’ailleurs, cela m’a fait pensé à Nekromantik pour la beauté morbide et bien sur à Murnau, d’ailleurs l’image de fin suggère un grand truc ! Vous pensez sérieusement à regrouper un max d’images pour un DVD ? Je suis content de voir que tu aies saisis ces références, car ce n’est pas le cas de tout le monde, j’en déduis donc que toi aussi tu es mordu de cinéma !! J’ai réalisé ce film avec mes collaborateurs de l’association Kathar6 (dont je suis le président), c’est à dire Marine, Elodie et Robin. Nous avons tous à peu près les mêmes influences, qui vont de l’expressionnisme allemand au cinéma asiatique, en passant par Lynch, Cronenberg, Carpenter ou encore Kubrick (d’ailleurs certains titres de l’album sont des clins d’oeils à ces réalisateurs) . Nous avons beaucoup travaillé sur l’image et sur les ambiances, ce qui ne fut pas toujours facile, car nous n’avions qu’un matériel rudimentaire (camera mini dv), et quelques lumières louées à la régie culturelle de notre région. Il faut saluer la performance des acteurs, qui sont tous amateurs, et qui ont acceptés le niveau d’exigence élevé qu’on leur a imposé, et ont travaillé dans des conditions parfois très difficiles (Marine, par exemple, est restée plus d’une heure allongée dans les escaliers la tête à l’envers dans une flaque de sang , pour nous permettre de capturer le plan que nous voulions) En ce qui concerne le dvd, je suis en train d’y réfléchir, et nous commençons a posséder pas mal de matériel vidéo pour sortir un dvd un tant soit peu fourni, mais il faut encore que nous filmions un de nos live en qualité professionnelle je pense. Perso, je suis très friand du son et de l’image, que pensez-vous des sorties « version collector » CD + DVD bonus ? Je pense que c’est l’avenir car le public semble être plus enclin à acheter ce type de support, au détriment des CDs. Nous réfléchissons déjà à notre première sortie DVD, mais nous voulons le faire bien. Je pense que tu ne seras pas déçu quand ça sortira! (rires) Vous êtes sensible à un beau package ? Bien sur, cela fait partie intégrante de l’album. J’aime aussi le fait de le réaliser soi même, pour que ce soit personnel. .Nous aimons bien l’idée « d’œuvre d’art totale » dont parlait Wagner, et de ne jours, grâce aux outils puissant dont nous disposons, cela devient possible. Mais bien entendu, cela demande du travail et de l’expérience, car le fait d’aborder une autre discipline que la sienne, est assez difficile de prime abord. Quels sont les films et disques ayant retenus votre attention cette année ? C’est assez difficile de répondre car pour parfaire ma culture, je regarde et écoute majoritairement des choses qui ne sont pas des nouveautés, mais je vais quand même essayer. Dans les albums récents que j’ai découvert, j’ai beaucoup aimé le dernier Enslaved, « Vertebrae », qui est un groupe qui nous influence depuis leur virage plus progressif. Bien sur, en tant que fan de Metallica devant l’éternel, j’ai beaucoup apprécié Death Magnetic, qui est heureusement bien supérieur au médiocre St Anger (et je suis gentil…) , même si ce n’est pas encore un retour intégral à la musique qui m’a fasciné chez eux par le passé. Affaire à suivre… Dans un style totalement différent, j’ai adoré le nouvel album de Charlotte Gainsbourg « IRM », que j’écoute beaucoup actuellement. Je suis très fan de son papa il faut dire… En ce qui concerne le cinéma, j’ai beaucoup aimé le dernier Terry Gilliam, « L’Imaginarium du Docteur Parnassus », qui ne faillit pas à sa réputation , avec un film très maîtrisé autant au niveau graphique de philosophique. « Antichrist » de Lars Von Trier m’a troublé, comme à peu près tous ses films… Et j’ai aussi beaucoup aimé « Inglorious Bastard », de Quentin Tarentino, qui maîtrise toujours autant les dialogues que la pellicule, et qui a eu l’intelligence de sortir un film dont le monde avait besoin je pense. J’ai aussi beaucoup aimé le cinéma asiatique, beaucoup plus prolixe que le cinéma occidental il me semble. « Je suis un Cyborg » de Park Chan Wook, est tout simplement génial. « Midnight meat train » qui est une adaptation d’une nouvelle de Clive Barker par Ryuhei Kitamura, est aussi très bien. Et d’une manière générale, tout ce qu’a fait Takashi Miike (il sort plus de dix films par ans, donc je ne peux pas les citer !!), et j’en oublie beaucoup…tant pis, ils n’avaient qu’a porter des noms qu’on puisse retenir !!! (rires) Et bien voilà, si vous souhaitez rajouter quelques choses, lâchez-vous ? Merci pour tes questions très pertinentes, j’ai pris du plaisir à y répondre. En vous remerciant pour cette interview, alors qu’est ce qu’on vous souhaite pour 2010 ? La santé avant tout, et puis de la réussite dans nos projets, ça ne serait pas de refus ! Merci à toi encore une fois, et longue vie au grillon ! InterviewsPartager : Tweet