Violent Solution : Chronique Mindlag Project
Vous avez remarqué comme les choses évoluent vite de nos jours ? Prenez l’exemple de MINDLAG PROJECT qu’on avait découvert sur deux mini albums « Karybda » puis l’excellent « Skylla » (et son artwork de frigo douteux) une paire d’années plus tard. Hé bien, je les quitte des oreilles quelques années et le temps d’un autre mini et je retrouve avec ce premier album, un groupe qui a sacrément évolué… mais pas forcément dans la direction que j’avais escomptée.
Si cette première galette éponyme garde certaines caractéristiques qui faisaient tout l’attrait du groupe de Vitrolles, c’était néanmoins avec une certaine déception que je découvrais un MINDLAG PROJECT moins hargneux, plus mélodique et surtout plus rock dans certaines approches. Cette première écoute m’avait même tellement surpris que j’avais brièvement douté de mes capacités à utiliser l’ipod que le Père Noël m’avait déposé au pied du sapin.
J’aurais pu fourguer le CD à un comparse de la rédaction en lui assurant, dans un élan de mauvaise foi absolue, que c’était un disque taillé pour lui. J’aurais pu démolir le disque mais le méritait-il vraiment ? Alors, empreint de cette obstination qui caractérise le vieux chroniqueur à l’approche de la sénilité, j’ai daigné ôter les peaux de saucissons que j’avais dans les oreilles (n’allez pas voir là un manque d’hygiène personnel, c’est une image) pour réellement me pencher sur les quelques soixante-dix minutes de la bête.
« Mindlag Project », c’est tout d’abord un concept : l’histoire de Jon de Grimpclat, personnage sombre, replié sur lui-même et assassin/justicier au volant de sa TVR Cerbera à ses heures. Ce disque retrace quelques moments de son existence déshumanisée. Le concept même de l’album a d’ailleurs donné lieu à un court-métrage exclusivement instrumental réalisé par Manu Martinez (guitare, chant, piano) poussant plus en avant sa démarche artistique dans une transcription visuelle et cinématographique de sa musique. Une approche nettement plus louable qu’un vulgaire clip vidéo où les protagonistes métalliques ont inévitablement l’air, dans la majorité des cas, d’avoir le QI d’une betterave. Outre un digi-pack classieux à l’esthétisme énigmatique, « Mindlag Project » contient également un livret particulièrement travaillé contenant les textes des chansons désormais uniquement en français de même qu’une prose en marge nous narrant les dérives du fameux Jon.
Côté zic, on pourrait croire que l’agressivité a quitté le cœur des musiciens, qu’ils ont vaincu leurs propres démons pour cheminer vers l’apaisement alors que c’est tout l’inverse. Malgré ses parties de chants clairs récurrentes, malgré ses lignes mélodiques et ses passages plus rock « Mindlag Project » est probablement l’enregistrement le plus sombre, le plus claustrophobique que le groupe ait engendré à ce jour. Et ses airs plus accessibles abritent, en fait, la recherche d’une véritable musicalité propre. Avec un disque extrêmement varié mêlant riffs thrash, core ou rock à des interludes, à des passages intimistes de piano, à quelques mesures harmonieusement graves de violoncelle. De même, la diversité des chants cerne parfaitement la dualité intérieure d’un personnage principal autour duquel s’articule tout le scénario du disque.
Alors la découverte de ce premier album fleuve m’aura peut-être un peu piqué les oreilles, mais j’avoue dans une certaine satisfaction que je ne regrette pas de m’être obstiné. Preuve irréfutable qu’il faut savoir aller par-delà les apparences ou les premières impressions pour parfois dénicher un véritable petit trésor. Je reste encore surpris que MINDLAG PROJECT échappe encore à un engouement national qui serait amplement mérité.
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